Est-ce que je dépends des intentions de l’autre ?

 » Il n’y a qu’une bataille, c’est celle de votre propre confiance

archimédien du vendredi 29 mars 2019

Le voyage en Europe de Xi Jinping a révélé les doutes des Européens sur leur propre puissance. Quelles sont les intentions réelles de la Chine, personnalisées par Xi ? Huawei est-il le cheval de Troie de la puissance chinoise ? Devons-nous être méfiants ? Mieux armés ? Est-ce que le multilatéralisme affirmé de Macron, Merkel, Juncker, est la bonne attitude ?

En creux, est-ce que je dépends des intentions des autres ?

DE NOS AMIS

Chers amis, les relations entre nations sont une suite de tentatives de collaboration, pour le meilleur, et de tentatives guerrières, pour le pire.

Tenter de subordonner l’autre à sa propre puissance n’a jamais abouti sur le long terme à des circonstances favorables, et tout empire, tout pouvoir, basé sur un assujettissement, finit par s’effondrer. Pour un dirigeant à un moment donné, cela peut apparaître suffisamment longtemps pour que l’illusion du succès perdure. Mais sur le temps long de l’histoire, à la temporalité des peuples, cela n’a jamais été un choix fructueux. Un jour ou l’autre la balance s’inverse.

A l’opposé, coopérer pour améliorer, en prenant l’autre en compte, et en allant dans un sens assumé du mieux commun, cela laisse des traces indélébiles.

Ce dont il s’agit est la trajectoire des âmes, donc la transformation des individus. Des individus plongés dans la guerre et la conquête, fussent-elles économiques, ou des individus plongés dans la volonté de paix, ne bénéficient pas du même bain.

Mais pour la plupart des Humains, construits dans la peur de périr et de manquer, cela ne va pas de soi, et s’assurer par la force du respect de l’autre apparaît comme le seul moyen.

Nous témoignons cependant du fait que les temps changent, la Terre de votre siècle n’est pas celle des siècles passés, et le temps n’est plus à l’opposition mais à la co-construction. Cela n’est pas une philosophie ou une intention, mais un fait. Les siècles ont une couleur. 

Votre ami chinois n’est effectivement pas votre ami, il roule pour lui-même. Mais vous pouvez fièrement arborer l’étendard de votre propre confiance et vous engager avec la conviction que ce dirigeant et son pays bâtissent leurs propres conséquences et que vous bâtissez les vôtres.

Donc, si peur il doit y avoir, c’est uniquement la peur de vous-mêmes, et de vos ombres. Vous vivrez en tant que peuples les conséquences de votre propre histoire, de votre propre regard sur le monde. Scruter le regard de Xi Jinping ne vous parle pas de vous, ne vous parle pas de votre avenir.

Scrutez donc plutôt votre regard, discernez-y la peur, et sachez que c’est bien cette peur de l’avenir qui vous met en péril.

Donc la coopération n’est pas une option pour obtenir des résultats auprès de l’autre, mais une option pour obtenir des résultats en vous-mêmes.

D’une manière générale et c’est vrai pour un peuple, et tout un continent, un Humain vit les conséquences de son regard, de ses pensées, de ses actes, de ses arrière-plans cachés.

Pour les européens, l’arrière-plan caché est celui de vos propres déchirements et de votre désir de ne plus souffrir. Les guerres du 20ème siècle ont laissé dans l’âme européenne des tranchées saignantes et ce spectre rode. Vous déplacez à présent la menace aux frontières de ce que vous définissez comme « vous » : l’Europe, l’occident. La menace devient africaine, moyen-orientale, asiatique, et sur votre flanc russe vous vous interrogez sur l’endroit de la frontière à défendre.

Il n’y a qu’une bataille, c’est celle de votre propre confiance. De ce point de vue, reconnaître l’unité des peuples européens, et, selon le rythme de chaque peuple, approfondir des liens de part en part, approfondir la confiance et la coopération, cela seul est important. La Chine n’a nul pouvoir sur vous, comme vous n’avez nul pouvoir sur la Chine, la clé de votre avenir n’est pas là.

De notre point de vue, il est une incarnation plus favorable de naître européen que chinois, les tensions dans vos cultures et populations sont moins acides, les dégâts que vous vous êtes infligés les uns aux autres construisant peu à peu l’unité. Et il s’agit d’une unité réelle, choisie, et non bâtie par la force et qui se désagrègerait sans dureté.

Donc réveillez-vous, et ce n’est pas de craindre le réveil de l’autre.

Réveillez-vous est de vous regarder en face, de regarder en face des siècles de défiance intra-européenne et de bâtir de la confiance.

De cela oui, votre avenir dépend.

Vos amis unifiés.

MISE EN ACTION

Lorsque je m’alarme des intentions des autres, je tiens toujours une occasion de transformer quelque chose chez moi qui me rendra plus fort.

Pas plus fort contre l’autre, mais plus fort pour moi, à l’occasion de l’autre. 

Autrement dit, l’autre, quelques soient ses intentions me révèle à moi-même. Et si je suis largement impuissant à transformer l’autre ou obtenir quelque chose de lui, je suis toujours puissant à me transformer moi.

Qu’est-ce que l’autre – et particulièrement s’il m’inquiète – me permet de changer chez moi, maintenant ?  Passer de l’inquiétude focalisée sur les intentions et capacités de nuisance de l’autre, à l’attention et l’action intérieure est un geste de puissance et de santé.

Je peux ainsi, activement, parce que cette situation le permet :

  • Explorer et traverser mes peurs 
  • Reconnaître et déployer ma confiance

Si je fais cela, quelque action qui me soit destinée me grandit. C’est l’attitude philosophale : Tout ce qui me touche aide à transformer mon plomb en or.